La prise de décision par consentement
- Audrée Morin

- Aug 27
- 3 min read
Updated: Sep 4

Plutôt que de vous expliquer ce qu'est la sociocratie de façon générale, j'ai envie de vous présenter ses trois pilliers l'un après l'autre, et de vous laisser deviner progressivement, par vous-mêmes, ce que c'est! Alors commençons avec le premier!
En sociocratie, nous prenons les décisions de groupe avec le concept du consentement. Cela signifie que nous faisons une distinction entre trois grands types d'opinions que nous pouvons avoir face à une proposition: une préférence, de la tolérance, ou une objection. Lorsqu'on ne spécifie pas sur quoi on se base pour décider collectivement, certains iront naturellement avec leur préférence, alors que d'autres diront oui lorsque c'est dans leur zone de tolérance. Ça peut avoir toutes sortes d'impacts négatifs, lorsque ce n'est pas conscient et explicite.
C'est assez rare qu'une proposition soit la préférence de tout le monde! On peut perdre beaucoup de temps à essayer d'améliorer une proposition pour qu'elle soit la préférence de tous, et parfois, ça sera impossible. Dans ce processus, certains essaieront de convaincre les autres que leur préférence est meilleure... Alors, on tombe dans des dynamiques de pouvoir, on devra se soumettre ou s'opposer... Ça serait bien de pouvoir conserver chacun sa préférence, garder une diversité d'idées, et pouvoir aller de l'avant quand même, non? C'est ce que le concept du consentement propose. On ne cherche pas à atteindre la préférence de tous. On cherche une décision qui est assez bonne pour maintenant, assez sécuritaire pour l'essayer. Quelque chose qui est dans la zone de tolérance de tout le monde, pour laquelle personne n'a d'objection. Ce qui serait innacceptable, c'est d'accepter quelque chose qui est la préférence de certains, alors que quelqu'un a une objection. Parce qu'une objection, c'est un cadeau. C'est quelqu'un qui a vu quelque chose dans la proposition qui pourrait nuire à notre but commun. Celui dont on s'est doté lorsqu'on a décidé de travailler ensemble. On ne voudrait pas aller de l'avant si notre proposition menaçait ce qu'on essai de faire ensemble, n'est-ce pas? Même si c'est la préférence de certains!
Grâce aux étapes du processus de décision, dont je parlerai plus en détails dans une future infolettre, chacun a la chance de partager sa vision brièvement sans être interrompu. Ainsi, ceux dont c'était la préférence pourront comprendre en quoi ils avaient omis un élément important, et pourront être influencés, plutôt que convaincus. C'est une des façons avec laquelle on crée de l'intelligence collective: chacun apporte un morceau de perspective, et lorsqu'on les met ensemble, grâce à une bonne écoute, soutenue par le processus, notre compréhension de la situation devient de plus en plus complète, et on peut trouver une meilleure solution.
Une autre chose qui pourrait arriver, si on ne fait pas la distinction entre préférence, zone de tolérance et objection, serait que personne n'ait d'objection, mais qu'on passe beaucoup de temps à esayer de trouver "la meilleure manière de faire". Il n'y a probablement pas de "meilleure manière", et une tonne de "manières efficaces". Si c'est assez bon pour tous, hop! On l'essaie! Mise à l'épreuve dans la réalité, notre proposition montrera clairement ses failles et on pourra s'ajuster en fonction de la vraie vie, plutôt que de nos meilleures anticipations.
Ainsi, en clarifiant que les décisions se prennent en se basant sur notre objectif commun, et non sur la base de préférences personnelles, les "Je" peuvent continuer d'exister, et le "Nous" peut avancer efficacement! Avancer vers notre but, c'est encourageant et ça donne envie de continuer d'investir notre précieuse énergie vitale dans ce projet qui nous tient à coeur, plutôt que de devenir démotivés parce que les réunions sont trop longues et n'aboutissent à rien de concret!
Vous voulez tester ce concept dans votre vie de tous les jours sans attendre de faire partie d'une organisation sociocratique? C'est très possible!
Idée #1: La prochaine fois que quelqu'un vous propose une activité (aller au resto, au cinéma...), vous pourriez répondre en clarifiant votre préférence et votre zone de tolérance. Plutôt que "ça ne me dérange pas" (avouez que c'est plate comme réponse, même si ça vient d'une intention d'essayer d'être flexible!), essayez quelque chose comme "je serais d'accord d'aller chez Monsieur Bagel parce que j'ai envie de passer du temps avec toi, mais ma préférence serait de se faire un bon plat chez-moi". Ça rajoute TELLEMENT de clarté!! Ça diminue les incompréhensions! Et ça peut même nous rapprocher. Yé!
Idée #2: Lorsque vous voulez l'approbation de quelqu'un pour faire quelque chose qui l'impacte, et que la personne dit plein de mots, mais que vous n'arrivez pas à obtenir un oui ou un non clair, demandez-lui "as-tu une objection?". Vous pourriez être surpris comment la bonne question peut créer de la clarté, même si la personne n'a pas philosophé autant que vous sur le sens du mot "objection"!
Ce bout de premier pillier vous donne déjà envie d'en apprendre plus sur la sociocratie ou de la mettre en place dans votre organisation? J'offre une rencontre découverte gratuite pour qu'on puisse commencer à discuter. À bientôt!
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